Trois projets urbains illustrent l’alternative mature et déployable à grande échelle que représentent les revêtements drainants en béton préfabriqué.
La création d’une chaussée réservoir en modules Hydrocyl® revêtus de pavés coquillage, dans le cadre du chantier du village des athlètes pour les JO de Paris 2024, ne sera pas une première pour Alkern, mais elle atteste que les enjeux de perméabilité des sols et d’oasis de fraicheur sont de plus en plus intégrés en métropoles urbanisées. « On commence effectivement à comprendre qu’une des premières choses à faire pour enrayer les problèmes d’inondations liées au ruissellement des eaux de pluies intenses est de rendre la perméabilité au sol et que l’eau, par principe, humidifie et rafraichit les surfaces poreuses. En Ile de France, la question des îlots de chaleur ne se pose plus. Les problèmes de potentielles inondations lors des crues des berges de la Seine étant maintenant réguliers, de plus en plus d’appels à projets ou d’expérimentations de réaménagement urbains sont lancés et bénéficient d’un vrai coup de pouce des agences de l’eau », se félicite Eric Colmard, en charge de la prescription dans le Nord de la France et en IDF des produits Alkern.
Le boom des solutions perméables
Avec sa gamme 0’ de cinq solutions drainantes, dont le pavé de coquillage est breveté par l’ESITC (Ecole Supérieure d’Ingénieurs des travaux de Construction) de Caen, Alkern a permis la création de trois oasis de fraicheur qui représentent chacune à leur façon des alternatives fiables, matures et déployables à grande échelle. « Le tout premier chantier qui a été réalisé avec notre pavé coquillage drainant date de 2018. Il s’est déroulé dans le cadre du nouvel aménagement du tramway de Nice que Colas a réalisé. Le système de voirie est équipé d’une station météo qui permet grâce à des sondes à différents niveaux de la structure du revêtement de réinjecter l’eau sous les pavés coquillage lors des fortes chaleurs afin de lutter contre l’ilot de chaleur de la nouvelle ligne du tramway » explique Annabelle Brizou, directrice R&D en charge du suivi des chantiers.
Dans le Pas de Calais, le matériau en béton coquillage s’est également imposé à Wimereux près de Boulogne-sur-Mer pour réaménager le parking de l’avenue principale de la station balnéaire en 2019. « A travers ce pavé fabriqué à partir d'un gisement local, plusieurs fonctions ont intéressé nos clients : les fonctions de revêtement et de perméabilité prioritairement mais aussi le concept de boucle courte qui a permis de valoriser près de 51 tonnes (environ 30kg/m2) de déchets de coquilles Saint-Jacques pour 1700m2 de pavés de 8 cm d’épaisseur mis en œuvre ». Sans compter l’esthétique du revêtement. La finition lavée du pavé est également l’occasion de mettre en valeur la coquille Saint-Jacques, emblématique de la Côte d’Opale.
Dans le 13e arrondissement, un projet de désimperméabilisation d’une voie piétonne est en cours de pose avec le pavé Hydrojoint. « Grâce aux écarteurs situés sur ses faces latérales, toute l’infiltration des eaux pluviales dans le sol se fait par le joint. 900 m2 seront ainsi désimperméabilisés le long de la Seine » poursuit Eric Colmard.
Une différence de 7 à 8°C
Dans la continuité de l'action de la ville de Paris en faveur des « Quartiers d’innovation urbaine », le pavé coquillage via le projet Fresh Ecopavers (ESITC Caen/ APC Paris et Alkern) a été choisi début 2022 par la plateforme Urban Lab pour être testé dans le quartier Chapelle-S au cœur du 18e arrondissement. « Le site va être appareillé, sondé à différentes profondeurs du sol sous le revêtement drainant pour mesurer les gains attendus par le système pour lutter contre les ilots de chaleur (ICU) ».
Il faut dire que l’expérimentation réalisée par Seureca (Pôle Ingénierie Conseil de Veolia) en partenariat avec Alkern sur le parvis de La Défense a été un bon exemple. La zone de 200m2 a créé un îlot de détente frais et confortable durant l’été 2021. « Malgré l’absence de canicule, il a été constaté et mesuré au toucher des écarts de température de 7 à 8°C entre midi et 15 heures grâce à la vertu évapo-transpirante du pavé drainant qui a permis de rafraîchir l’air à la surface de cette zone. C’est énorme, estime Annabelle Brizou, et inédit. Jusqu’à présent, les données disponibles sur lesquelles nous nous appuyions étaient issues de simulations numériques qui constataient des écarts de 4°C ».
Economie circulaire, oui mais …
Avec ces expérimentations, Alkern entend assumer son avance technologique et aller plus loin dans la valorisation des déchets et matières premières pour sa gamme de pavés préfabriqués en béton. « On a pour objectif d’offrir une gamme de produits la plus large possible pour répondre à toutes les problématiques clients. On travaille à réincorporer des granulats recyclés, des déchets de construction, des déchets en béton. Mais une des difficultés à laquelle on s’expose dans l’économie circulaire est de réussir à mettre en relation des besoins qui se correspondent » tempère Christophe Lagrange, directeur de l'offre. « Dans le bâtiment ou les travaux publics, on opère sous un régime de normes assez importantes qui nécessitent qu’on étudie le comportement des matériaux, les conditions de sécurité et la disponibilité des gisements de ressources. Aussi, de la même façon qu’on fait tester nos produits par des tierces parties, on a besoin de tester les matières premières ». Ceci rajoutant des contraintes dans l’identification des émetteurs et des ressources disponibles compatibles. « Parfois les acteurs publics peuvent être des facilitateurs et rapprocher des filières qui n’ont apparemment aucune logique entre elles ».
Grâce à son maillage de 53 sites en France et à la prise de conscience des collectivités, l’offre de pavés rafraîchissants reposant sur des boucles courtes est bel à bien amenée à se développer, assure toutefois Christophe Lagrange.
Pascale Meeschaert