Les systèmes d’assainissement non collectif (ANC) ont vocation à assainir les habitats dans les zones où il n’est pas possible, ou pas souhaitable, d’établir un raccordement à l’assainissement collectif. Les filières compactes (microstations, filtres compacts et filtres plantés) connaissent un réel engouement depuis quelques années. De moins de 5 % des ventes totales d’ANC en 2010, elles sont passées à 27 % en 2015. Mais les chiffres ne font pas l’unanimité. L’IFAA (Industries et Entreprises Françaises de l’Assainissement Autonome) rapporte ainsi une érosion des ventes des filières traditionnelles depuis 2010. Un succès qui tient aux nombreux atouts de ces dispositifs compacts.
Les gammes Topaze de Neve Environnement, NG d’Innoclair ou encore Oxyfiltre de Stoc Environnement reposent sur les microstations en culture libres tandis que les gammes Oxyfix® d’Eloy Water, Biofrance® de Kingspan, Aquameris AQ1 et AQ2 de Sebico, ainsi que les microstations Tricel Novo et Simbiose® reposent sur des cultures fixées.
La particularité de la microstation Simbiose® est d’utiliser un système breveté de gestion des flux hydrauliques qui lui permet de réduire la taille du prédécanteur pour une fréquence de vidange en moyenne de 3 ans. Son ouverture large et unique permet en outre un accès simple pour toutes les opérations d’entretien.
D’autres fabricants ont choisi d’opter pour une alternative : celle à cultures fixées sur supports mobiles ou fluidisés. La microstation à lit fluidisé Fluido® de Stoc Environnement, la PureStation PS6 d’Aliaxis, Hydrostep® d’Hydréal, Fluidifix® de l’Assainissement autonome, Bioxymop® nouvelle génération de Simop, Aquameris de Sebico, Necor® de Remosa ou encore par la Picobells d’Hydrheco, reposent sur ce procédé. Ces microstations fonctionnent en continu avec injection d’oxygène. Elles sont dites à boues activées simple. Si le fonctionnement est séquentiel, on parle de système SBR (Sequencing Batch Reactor).
Globalement, chaque procédé épuratoire a ses avantages et ses inconvénients. Pour l’usager, les performances épuratoires étant garanties par l’agrément, les différences se situent au niveau de la fiabilité (fréquence de renouvellement des pièces détachées), des consommations en énergie et d’une question clé, celle de l’entretien (Voir EIN n° 415).
Autre type de filière compacte : les filtres compacts, constitués d’une fosse toutes eaux associée à un massif filtrant. Annaël Goupil, chargée de produit chez Premier Tech explique : « Le filtre compact est un système passif : l’eau entre par le haut dans la fosse toutes eaux et percole dans l’installation jusqu’au point bas, après être passée par le média filtrant qui assure le traitement secondaire. Celui-ci peut être synthétique, plastique, végétal ou naturel ». Les filtres compacts présents sur le marché se différencient essentiellement par le média filtrant qu’ils intègrent. Les médias minéraux, essentiellement la zeolite sont utilisés par Eparco, filiale de Premier Tech (ZeoliteEparco), Simop (Zeomop), Ouest Environnement (Compactodiffuseur) ou encore Stoc Environnement (Zeofiltre). Biomeris, de Sebico utilise un média constitué de grains minéraux spécifiques tandis que Biorock et Assainissement autonome utilisent la laine de roche. Les médias organiques tels que les fragments de coco sont utilisés par Premier Tech (Ecoflo®), les fibres de coco par Tricel (Seta® et Seta® Simplex), les coquilles de noisettes (Simop avec Bionut®), les écorces de pin maritime (BoxEparco®) ou le Xylit, une fibre naturelle organique riche en liaisons carbonées extraite du lignite exploité par Eloy Water (X-Perco®). Des media synthétiques sont également mis en œuvre par Stoc Environnement avec Brio®, Rikutec avec Actifiltre®, Graf avec Biomatic®, Bionest avec Bionest MD, ou encore Breizho® avec ClearFox®. Plusieurs de ces médias sont récents (3 à 5 ans de commercialisation) et il faudra un peu de temps et quelques années de recul avant de pouvoir conclure sur la durée de vie réelle de ces médias et sur les nouvelles approches d’entretien préconisées.
Troisième possibilité : le filtre planté, composé d’une fosse toutes eaux associée à un massif végétal. C’est le domaine de Aquatiris, IFB Environnement, la société OPURE ou de Stoc Environnement. « Les filtres plantés fonctionnent sur le principe du filtre à sable, mais en plus compact » précise Claudine Bertin du service communication de Stoc Environnement. Après être passées par la fosse toutes eaux, les eaux prétraitées percolent dans un massif filtrant végétal souvent composé de roseaux. BlueSET, de son côté, privilégie les espèces végétales adaptées aux contextes bio-géo-climatiques locaux et sur la percolation de l’eau usée qui circule gravitairement, ou grâce à une pompe de relevage, au travers les massifs filtrants. Le traitement par phyto épuration assurant ainsi des performances épuratoires optimales sous tous les climats et sans alternance, tout en favorisant la bidodiversité.
Quels atouts par rapport aux filières traditionnelles ?
Autre intérêt notable : la facilité d’installation. « L’installation d’un système compact d’assainissement non collectif se fait rapidement et simplement, par un professionnel, avec moins de travaux de chantier qu’un système traditionnel » souligne Claudine Bertin de Stoc Environnement. Luc Lary, directeur des développements produits chez Sebico estime ainsi le temps d’installation à « 1 ou 1,5 jour en filière compacte, contre 3 à 5 jours de travaux pour une installation traditionnelle, qui nécessite plus de matériaux et de main d’œuvre que les cuves prêtes à poser ».
Des dispositifs agréés et fiables à condition d’être bien entretenus
Pour une bonne performance du système, des visites à intervalles de temps adaptés sont indispensables. « La recommandation est d’une visite annuelle pour les microstations et d’une tous les 2 ans pour les filtres compacts. En plus, une cuve de microstation doit être vidangée tous les 5 à 36 mois, alors que les fosses toutes eaux se vidangent environ tous les 4 ans » indique Gérald Baudry chez Simop. « La fréquence de vidange des boues dépend du volume de la cuve et du nombre d’habitants qui l’utilisent. Elle est faite lorsque les boues atteignent 30 % du volume du décanteur primaire pour les microstations ou 50 % du volume de la fosse toutes eaux pour les autres systèmes » précise Luc Lary, de Sebico.
En termes de longévité, les pièces mécaniques des microstations doivent être changées tous les 2 à 10 ans, selon les pièces et leur construction. Dans le cas du filtre compact, le média doit être remplacé tous les 10 à 15 ans ; la périodicité variant en fonction des medias considérés. « Pour les filières COMPACT’O, il suffit de sortir les sacs de média de laines de roche usagé et de les remplacer par de nouveaux » explique Laurent Jeanne de l’Assainissement Autonome. Chez Stoc Environnement, le média synthétique est pérenne et lavable au jet. Quant à Aurélien Gilbert de la société Tricel, il préconise de recharger simplement le média coco avec de la matière au fur et à mesure qu’il se tasse.
« Nos systèmes traitent des déchets, ils doivent donc être entretenus régulièrement, au même titre qu’une chaudière, résume Jérôme Vaché, directeur chez Abas, vice-président de l’IFAA. Il y a un travail de pédagogie à mener auprès des particuliers par l’ensemble des acteurs de la filière pour que les particuliers n’ouvrent pas leur système seulement quand il y a des odeurs ou un problème d’écoulement. L’entretien des ANC doit devenir culturel ».
Investissement et coûts d’exploitation : prendre en compte le coût global
Mais pour choisir son système d’assainissement non collectif, l’investissement se raisonne plutôt en termes de coût global. Ce coût global est indiqué réglementairement dans le manuel d’utilisation des installations agréées et ce, pour une durée de 15 ans. Il est calculé en additionnant les coûts :
- du dispositif et de son installation ;
- de l’entretien, de la maintenance, du fonctionnement ;
- de la vidange.
D’autres coûts peuvent s’y ajouter : coût du contrôle de l’exécution du SPANC, études liées à la conception, étude de sol ou coût de retraitement des filtres ou des matériaux, que ce soit pour les filières compactes ou traditionnelles. A ceci près que les filières traditionnelles ne sont pas soumises à déclaration concernant ce point.
Laurent Jeanne de l’Assainissement Autonome prend le parti de raisonner encore plus globalement : « le coût social de devoir sacrifier l’utilisation d’agrément de son jardin est l’un des points clé pour le choix du système d’assainissement ». Un point de vue qui pousse en faveur des filières compactes.