Effluents viti-vinicoles : une palette de traitements toujours plus large
27 février 2019Paru dans le N°419
à la page 55 ( mots)
Rédigé par : Antoine BONVOISIN
Les solutions de traitement des effluents viti-vinicoles se sont progressivement diversifiées. Qu’elles soient individuelles ou mutualisées, qu’elles reposent sur un traitement continu, semi-continu, ou discontinu, plusieurs familles de procédés sont disponibles en fonction de la taille et de la situation géographique des exploitations.
Les exploitations viticoles sont amenées à utiliser d’importants volumes d’eau pour la vinification puis pour le nettoyage et le rinçage des cuves utilisées lors de la vinification. Pour 1 litre de vin produit, on consomme ainsi de 1 à 6 ou 7 litres d’eau. L’eau qui ressort de ces cuves est très chargée en sucres et en alcools. Ces effluents sont 10 fois plus pollués que les eaux domestiques et ne peuvent être rejetés dans le milieu naturel sans traitement préalable.
On différencie les effluents vinicoles des effluents viticoles (ou phytosanitaires), qui sont liés au traitement des cultures : ils proviennent des eaux de nettoyage du matériel utilisé pour appliquer les traitements phytosanitaires dans les cultures. De la même manière, ces effluents ne peuvent être rejetés directement dans le milieu naturel et doivent être traités.
L’arrêté du 4 mai 2017 offre cependant aux agriculteurs la possibilité de vidanger à la parcelle les fonds de cuve, et d’épandre les effluents (eaux de lavage), sous réserve qu’ils aient été préalablement dilués, les règles de dilution étant précisées dans l’arrêté.
Les deux types d’effluents, vinicoles et phytosanitaires, sont traités avec des techniques distinctes, leurs compositions étant très différentes.
Effluents vinicoles : des techniques de traitement diversifiées
IFB Environnement propose une large gamme de traitements physico-chimiques, biologiques et végétalisés, adaptés en fonction des contraintes et des problématiques de chaque client. Son procédé Végébio®, mis en œuvre en 2015 à la distillerie Lassalle de Batz, dans le Gers (8.000 m³ d’effluents vinicoles et 2.000 m³ de vinasses d’Armagnac par an), repose sur un traitement biologique suivi d’une finition végétalisée. Tout commence par un stockage tampon, en cuve ou en bassin, suivant la taille de l’exploitation. « L’activité viticole, qui produit 80 % de ces effluents sur deux mois dans l’année, requiert ce type de stockage », explique Kevin De Block-Evrard, Responsable du développement chez IFB Environnement. « Le traitement repose sur une aération, une clarification éventuelle en fonction des normes de rejet puis une filtration végétalisée. Selon le cas, en absence de vinasses notamment, nous mettons en place notre procédé Végé-V composé d’une aération légère en cuve ou bassin tampon et d’un traitement de finition sur filtre planté ce qui permettra d’atteindre les normes de 300 mg/l en DCO, 100 mg/l en DBO et en MES. En cas de normes de rejets plus exigeantes (par exemple 125 mg/l en DCO, 30 mg/l en DBO et en MES et/ou en présence de vinasses, nous utilisons le procédé VégéBio® dont l’aération est réalisée en ouvrage dédié hors stockage tampon et auquel une clarification est ajoutée avant finition végétalisée ».
La première méthode la plus répandue en traitement des effluents vinicoles reste l’aération qui favorise la dégradation des sucres et alcools par les bactéries. C’est aussi ce que propose la société Clairéo, qui intervient en Nouvelle-Aquitaine principalement, et de plus en plus en Provence ou dans les Pays de la Loire. « Le système que nous proposons est simple et économique, on collecte les effluents à la sortie du chai pour les acheminer vers une lagune aérée. On apporte de l’oxygène dans les eaux à traiter par micro-bullage, opération qui a pour but de permettre le développement d’une activité bactérienne et de réduire la demande chimique en oxygène pour dégrader les sucres et alcools contenus dans les eaux », explique Matthieu Planté, dirigeant de Clairéo. Cette technique ne demande pas d’apport de bactéries, uniquement des apports en oxygène. « La nouveauté, c’est que nous venons de lancer un outil de programmation pour faciliter l’ajustement de l’air à envoyer aux eaux à traiter : cela permet d’adapter l’aération du bassin à la quantité d’eau à traiter, et ainsi de suivre en temps réel la volumétrie des effluents pour adapter le traitement. Le but est aussi d’optimiser la consommation d’énergie des exploitations » poursuit Matthieu Planté. Ce dispositif a été lancé en novembre 2018.
Michael Paetzold propose depuis 20 ans, via son Service Environnement, des solutions de traitement des effluents en milieu vinicole. Confrontés quotidiennement aux problématiques des viticulteurs, l’entreprise adapte ses solutions aux particularités des effluents vinicoles (irrégularités des apports en termes de charges et de débit,…). Les solutions proposées se doivent d’être simples, souples, efficaces, mais par-dessus tout bien dimensionnées, comme l’explique Jean-Sébastien Laronche, Responsable Produit Equipement chez Michael Paetzold : « Il ne faut pas oublier que la place peut être limitée dans les propriétés viticoles et qu'aujourd’hui, avec les enjeux liés à l’œnotourisme, de plus en plus de propriétés sont sensibles à l’intégration paysagère ». Pour atteindre cet objectif, Michael Paetzold propose un traitement par une aération prolongée pouvant être réalisé dans une cuve ou une lagune, suivi d’un filtre à sable planté de roseaux, qui est alimenté régulièrement. Les stations conçues par l’entreprise sont individuelles ou collectives et dans chaque projet, la délégation de gestion proposée permet au viticulteur de s’investir pleinement dans l’élaboration de ses vins.
L’aération est une méthode utilisée depuis longtemps. Après avoir circulé dans le bassin d’aération, les effluents subissent un deuxième traitement, avec une filtration végétale des matières organiques à base de roseaux avant le rejet de l’eau dans le milieu naturel.
Autre méthode, proposée cette fois par Aderbio qui travaille tout à la fois sur les effluents vinicoles et phytosanitaires, en employant un principe commun, la bio-augmentation. Aderbio est basée à Lyon, et intervient sur l’ensemble de la France, en Suisse, en Espagne et en Italie. « Nous utilisons des traitements aérobie, et notre spécificité est de faire de la bio-augmentation » explique Olivier Poline, Managing Director chez Aderbio. « Nous développons une culture biologique dans un fermenteur, qui sera régulièrement injectée dans le bassin biologique. Cela permet une plus grande stabilité du traitement en fonction des effluents et des conditions climatiques, et diminue les volumes de boues générés. C’est le même principe utilisé pour les traitements vinicoles et phytosanitaires ».
Ce dispositif repose sur un bassin de prétraitement qui permet d’assurer un équilibre entre les périodes de faibles et fortes arrivées d’effluents. La méthode permet d’équilibrer les volumes à traiter, car le traitement biologique nécessite d’être régulier sur l’année. Le bassin biologique aéré permet ensuite de dégrader la pollution contenue dans les effluents (pollution carbonée pour les effluents vinicoles et les principes actifs pour les effluents phytosanitaires). Une troisième étape, de décantation, permet de séparer les boues des effluents traités. Ces derniers passeront par un filtre biologique, c’est à dire un filtre formé de pierres volcaniques, pour appliquer un traitement complémentaire. L’eau est finalement rejetée conformément aux obligations de l’Agence de l’eau pour les effluents vinicoles, et à l’arrêté de septembre 2006 pour les effluents phytosanitaires.
Le traitement biologique offre l’avantage d’être très compact, le dispositif prend peu de place, et garantit une autonomie des exploitations. Ce procédé est adapté aux exploitations de taille moyenne à importante. Les coûts de mise en œuvre sont limités, et il existe des programmes de subvention pour aider les exploitants à s’équiper.
Autre solution, la technologie SBR (Sequencing Batch Reactor) qui consiste en un traitement par bâchée des effluents et qui offre des rendements intéressants. Les Ateliers d’Occitanie ont mis en œuvre cette technique avec succès sur plus d’une centaines de références en caves vinicoles.
KWI développe son propre procédé en SBR. « Pour les effluents vinicoles, nous avons développé le système SBR (réacteur discontinu) à capacité variable » explique Denis Richard, son Directeur Général. Ce système est composé d’un bassin tampon suivi d’un réacteur biologique capable de s’adapter aux plus gros volumes d’effluents en périodes de vendanges. « Au cours de l’année, le bassin biologique est utilisé au tiers de sa capacité, et à sa capacité maximum en période de vendanges. Le bassin tampon en amont permet un redémarrage progressif du système vers sa pleine charge dès le début des vendanges, tout en économisant de l’énergie le restant de l’année et en adaptant la charge biologique du bassin à la charge polluante à traiter » précise Denis Richard. Le bassin biologique est aéré, pour favoriser l’activité bactérienne, et le surnageant est régulièrement retiré du système après décantation. Les effluents sont ainsi traités toute l’année avec une simple cuve et une turbine d’aération. Ce système est adapté à des exploitations de toutes tailles, et a été bien déployé dans le Médoc ou dans les Côtes-Du-Rhône. A noter que pour des volumes moins importants, certains acteurs venus du secteur de l’assainissement non-collectif comme Graf ou encore Kingspan proposent des solutions dédiées aux effluents vinicoles.
Pour le traitement de ces effluents, la technologie mise en avant par Graf repose sur le développement de ses stations SBR de type easyOne, qui privilégient un traitement aérobie par injection de fines bulles d’air depuis le fond des bassins de traitement. Pour faire face aux fortes fluctuations de charges entrantes, des montages en série ou en parallèle de deux unités easyOne de tailles éventuellement différentes sont proposés afin d’optimiser les coûts de fonctionnement. Toutes les unités sont sollicitées en période de vendange, alors que seule l’unité en tête de station fonctionne à 100 % le restant de l’année. La flore bactérienne développée reste ainsi active et disponible en permanence. Ces solutions permettent également un traitement conjoint des eaux usées domestiques de l’exploitation.
« Pour le traitement des effluents vinicoles, nous proposons également un BioRéacteur à Membranes (BRM), qui fonctionne sur le même principe biologique mais avec la mise en place de modules de membranes céramiques immergées dans le bassin biologique permettant de filtrer la biomasse pour en soutirer une eau traitée exempte de toutes matières en suspension » poursuit Denis Richard. Grâce à cette technologie membranaire développée par le groupe KWI, le traitement est plus compact et plus performant, et permet une réutilisation de l’eau pour irriguer ou laver les vendangeuses par exemple.
D’autres techniques peuvent enfin être mises en œuvre pour traiter les effluents vinicoles de façon autonome ou en mutualisant un équipement avec plusieurs exploitants : la récolte avec acheminement dans une station de traitement, l’évaporation ou le stockage suivi de l’épandage.
L’épandage est souvent économique, mais nécessite des surfaces assez importantes et aptes à recevoir les effluents, qui sont de plus en plus rares. Au-delà de l’épandage direct, le procédé le plus courant reste donc le traitement biologique aérobie en stockage aéré. Ce procédé, simple et fiable permet de faire face à des rejets étalés sur une longue période avec des volumes annuels importants. Il peut être couplé à des process d’infiltration-percolation ou encore à des filtres plantés de roseaux.
Syntea (Synthèse d’Epur Nature et d’Agro Environnement) dispose de références prestigieuses dans le traitement des effluents des distilleries et de la viticulture en France, Espagne et Portugal, et compte près de 600 installations depuis 1998. Près de 200 de ces références associent un traitement par aération prolongée et filtres plantés de roseaux. « Nous avons été les précurseurs dans le domaine des traitements conjoints dès le début des années 2000, explique Pierre-Yves Rioual, Président de Syntea. A l’époque, il était assez courant d’opposer les techniques les unes aux autres, mais nous avons été les premiers à les associer ». Une phase de stockage dans une cuve, un ouvrage en béton ou une lagune, permet d’écrêter les débits de pointe et de lisser les apports sur le traitement. Celui-ci repose sur des bactéries en culture libre qui dégradent la pollution organique grâce à l'oxygène insufflé dans le milieu. La liqueur mixte est ensuite envoyée sur les filtres plantés de roseaux, permettant ainsi un traitement intégré des boues via un compostage aboutissant à une minéralisation des boues. Ce procédé peut également traiter les effluents viticoles sous le nom de Vitimax. Parmi les références les plus prestigieuses de Syntea, on peut citer Château Haut-Marbuzet, Château Monrose, ou encore le Château Smith Haut Laffite qui associe un traitement aérobie et un filtre planté de végétaux avec une aération intensive (breveté), ce qui permet de gérer l'emprise au sol.
Syntea réalise également de grosses stations collectives reposant sur un stockage aéré pour traiter les effluents de manière collective. « On y adjoint systématiquement des lits de séchage plantés de roseaux pour le traitement des boues, détaille Pierre-Yves Rioual. Le rejet est épandu sur des filtres à gravier ou à sable, et les boues sont extraites vers un lit de séchage. Nous avons équipé de cette manière la Cuma de la Colette et la Cuma de Pouilly dans le Sancerrois, la Cuma de Castillon La Bataille ou encore la Cuma Médoc Environnement à Blaignan (33) qui regroupe plus de 40 viticulteurs ».
Globalement, les procédés de traitement par voie végétale progressent. « Ces procédés, qui ont beaucoup capitalisé, sont désormais capables de répondre à de nombreux cas de figure, remarque Kevin De Brock-Evrard chez IFB Environnement. Leur caractère extensif s’accorde bien avec les possibilités offertes par les exploitations viti-vinicoles ».
« Attention cependant de ne pas laisser croire que les filières végétalisées constituent un traitement en elles-mêmes. Elles sont presque toujours associées avec un système de traitement aérobie intensif, tempère Pierre-Yves Rioual chez Syntea. Une zone de rejet végétalisée n’est pas une station d’épuration. Les effluents vinicoles représentent une charge polluante dix à vingt fois plus concentrée qu’un effluent urbain, un pH de 3 à 4, une DCO de 6 à 16 g/l, une DBO5 de 3 à 8 g/L et des MES de 2 à 8 g/L. Envoyer ces effluents sur une zone plantée, quelle qu’elle soit, expose à de graves déconvenues ».
Elles se développent cependant portées par leurs avantages propres et le développement de l’œnotourisme. Soit dans le cadre de projets globaux, soit dans le cadre d’extensions. « Le fait d’adjoindre un filtre planté de roseaux à une installation à boues activées apporte une réponse intéressante, pas forcément en termes de concentration de pollution mais en termes d’hydraulique, remarque Pierre-Yves Rioual. Cela permet également de gérer les boues ».
BlueSET a ainsi conçu et installé un système de traitement des effluents vinicoles pour la coopérative des Vignerons de Buzet (Voir EIN n° 415). Baptisé le “jardin des filtres” par la cave, ce dispositif de traitement associe les techniques biologiques dont une importante phase aération qui abat 85 % de la pollution, avec les techniques végétales. La filière végétale, simple et rustique, a été conçue pour ne nécessiter que peu de maintenance. Elle est plantée d’espèces végétales exclusivement locales dans le but de reconstituer un véritable écosystème permettant aussi la préservation et le maintien de la biodiversité environnante. Depuis sa mise en service en 2017, elle fonctionne de manière satisfaisante en incluant deux saisons de vendanges. 18 mois de suivi de fonctionnement et de mises en adaptation permet au concepteur et à l’exploitant d’obtenir un premier retour d’expérience intéressant et très constructif. Les performances de traitement de pollution sont conformes aux exigences réglementaires, avec par exemple une teneur moyenne en DBO5 autour de 15 mg/l en sortie.
Lorsque des volumes sont conséquents justifient un investissement de départ plus important, certains prestataires comme Oceo Environnement proposent un traitement anaérobie par méthanisation, souvent couplé avec un traitement aérobie en affinage. Le traitement mis en œuvre repose sur l’UASB (Upflow Anaerobic Sludge Blanket), procédé dans lequel le flux ascendant met en suspension un lit de boues granuleuses. A la Cuma de Saint-Emilion, Oceo Environnement ainsi implanté 4 réacteurs de 180 m³ en parallèle capables de traiter 240 m³/j d’effluents vinicoles. Valgo Smart Waste Management propose également des solutions de traitement biologiques adaptées à une forte saisonnalité, composées d’un premier étage de traitement anaérobie Methacore® (UASB) et d'un étage de finition aérobie traditionnel.
La palette de traitements susceptibles d’être mis en œuvre est donc très large, le premier objectif étant l’efficacité du système de traitement que l’on conçoit. « Attention cependant à ne pas négliger l’exploitation du système de traitement mis en œuvre, souligne Kevin De Brock-Evrard chez IFB Environnement. On voit parfois proliférer une multitude de procédés souvent très efficaces du point de vue du traitement, mais qui nécessitent, au niveau de l’exploitation, une disponibilité et des compétences techniques qu’on ne trouve pas toujours chez les viticulteurs. Le risque est alors réel de ne pas tirer pleinement parti du système de traitement mis en œuvre, voire de s’épuiser à tenter de l’exploiter. C’est pourquoi nous évitons les procédés qui nécessitent un pilotage fin en privilégiant les systèmes rustiques qui ne requièrent pas de compétences particulières. On perçoit mieux l’intérêt de ces systèmes quand on raisonne à un horizon de 15 à 20 ans… ».
Effluents viticoles : une palette de procédés
Pour les effluents phytosanitaires, les volumes à traiter sont bien moindres : on parle de centaines de mètres cubes pour les effluents vinicoles, alors qu’il ne s’agit que de quelques mètres cubes ou de quelques dizaines de mètres cubes pour les effluents phytosanitaires.
Mais les eaux de lavage du matériel de pulvérisation par exemple, sont chargées en produits phytosanitaires dont les normes de rejet dans le milieu naturel sont particulièrement drastiques. Elles impliquent donc des techniques de collecte et de traitement spécifiques.
« La réglementation recommande de mettre en place des systèmes de traitement agréés par le ministère de l’écologie pour traiter ces effluents, rappelle Kevin De Block-Evrard chez IFB Environnement. Les viticulteurs ont une obligation de moyen, l’obligation de résultats incombant aux installateurs. Si la qualité d’eau est respectée en sortie, la mise en œuvre de traitements non homologués peut suffire, même si, dans la pratique, elle reste plus surveillée par l’administration ».
Une quinzaine de systèmes de traitement sont reconnus comme efficace par le ministère. Certains sont adaptés à des petits volumes, inférieurs à 10 m³ d’effluents par an. Ces procédés, généralement mis en œuvre sur des exploitations qui ont choisi d’investir dans une station de traitement, reposent le plus souvent sur l’évaporation. C’est le cas des procédés Heliosec® de Syngenta, Osmofilm® d’Axe-Environnement, Ecobang™ de Vento-Sol, Phytosec® d’Axe-Environnement. D’autres systèmes sont adaptés à des volumes plus importants pour des structures plus développées ou mutualisées (plus de 10 m³ d’effluents/an) : Michael Paetzold, Evapophyt®, Phytocat et Epumobil d’Aubepure, Sentinel® de Neve Environnement, BF Bulles® d’Axe Environnement et STBR2 d’Aderbio.
Axe-Environnement propose ainsi 4 procédés de traitement dédiés aux effluents phytosanitaires. « Ces systèmes sont adaptés à des tailles d’exploitations différentes », explique Fabien Vermot-Desroches, Responsable Recherche & Développement pour Axe-Environnement. Pour les petits volumes (0-4 mètres cubes par an), L’entreprise propose les solutions Osmofilm® et Phytosec®. Osmofilm® est un système de déshydratation par osmose. Les effluents sont placés dans une sache (une enveloppe plastique) exposée en plein soleil, qui permet une déshydratation des effluents par évaporation et osmose. Les déchets solides sont ensuite traités par incinération. Phytosec® repose sur un process différent : les effluents sont placés dans un réservoir et on augmente l’évaporation de l’eau en chassant l’air au-dessus de la zone de stockage. Un tapis d’absorption placé en surface permet d’éviter le transfert des molécules chimiques de la partie aqueuse vers la partie gazeuse. Ce module peut traiter entre 1.000 et 2.000 litres d’effluents, selon la localisation géographique. Autre dispositif, le Phytobac®, utilisé pour traiter jusqu’à 7 m³ d’effluents par an. Il s’agit d’un demi-cylindre sur lequel on vient mettre un mélange de terre et de paille et que l’on vient asperger avec les effluents phytosanitaires. L’aspersion est gérée de manière automatique et les produits phytosanitaires sont dégradés par les micro-organismes présents dans le système. Le BF Bulles® repose, lui, sur une ultrafiltration sur charbon actif. Ce procédé est adapté aux gros volumes, soit des exploitations de grande taille, soit des exploitants partageant une aire de lavage. Le procédé fonctionne en deux étapes, avec une phase de séparation des produits chimiques de l’effluent, et ensuite une filtration du surnageant. Il peut traiter jusqu’à 1.200 litres par heure.
KWI France propose également un procédé de traitement par eau pressurisée et filtration sur charbon actif sous pression. Il combine les capacités d’adsorption du charbon actif et des procédés chimiques catalytiques. Le charbon actif n’est alors plus seulement utilisé comme simple adsorbant mais permet un traitement avec une bio-régénération sur site du charbon actif qui en augmente grandement sa durée de vie.
De son côté, Eau Pro a développé une station de traitement issue de technologies mises en œuvre pour le traitement des effluents industriels complexes comme le traitement des hydrocarbures (aires de lavage) par dégradation aérobie en milieu liquide. Baptisée Vinipr’eau, elle repose sur prétraitement des effluents viticoles par oxydation avancée, suivi d’un stockage en lagune et d’une ultrafiltration.
Présente tout au long de la chaîne de traitement des effluents phytosanitaires, la société Michael Paetzold propose une solution simple à mettre en œuvre pour concevoir une collecte et un stockage des effluents efficace : Phytopiste. Cette aire de lavage, capable de travailler avec l’ensemble des véhicules d’une exploitation (machine à vendanger, tracteur, enjambeur, voiture), est la première étape pour traiter un effluent phytosanitaire. Pour le traitement de ces effluents spécifiques, Michael Paetzold a développé le procédé Phytopur. Combinaison de trois technologies de traitement des eaux (coagulation, osmose, adsorption sur Charbon Actif), Phytopur permet d’assurer une épuration poussée. Proposée en prestation de service, cette solution a le mérite de rendre accessible la technologie de l’osmose à l’ensemble des viticulteurs, qui peuvent ainsi profiter d’une technologie de pointe. Les techniciens Environnement de Michael Paetzold interviennent ainsi en totale autonomie sur l’ensemble du territoire, assurant le traitement des effluents de plus de 400 propriétés à partir de la cuve de stockage.
Enfin, Clairéo s’est associé récemment avec Adequabio, qui propose un système innovant pour traiter les effluents viticoles par évaporation et traitement par des bactéries photosynthétiques ; le procédé Phytobarre®. Il est issu de la recherche menée dans un laboratoire de microbiologie du CEA. En ajoutant seulement une fois par an un lot de bactéries photosynthétiques, l’activité du système est suffisamment efficace (plus de 95 % de dégradation des molécules actives) pour que la bâche de traitement ne soit changée que tous les dix ans. Il n'y a aucune autre manutention et il n'y a aucun rejet liquide ou solide dans l'environnement. Il permet de gérer annuellement de 1 à plus de 50 m³ d'effluents phytosanitaires par unité traitement. C'est le dernier procédé reconnu efficace par le ministère en charge de l'écologie pour le traitement des effluents phytosanitaires.
De nombreux procédés existent et sont mis aujourd’hui à disposition des viticulteurs pour le traitement de leurs effluents. Reste qu’ils nécessitent des investissements importants. Matthieu Planté, chez Clairéo, souligne qu’ « Il faudrait impérativement que toutes les agences de l’eau aident les viticulteurs à se lancer en France comme le fait l'Agence de l'Eau Adour Garonne : les subventions leurs permettent de s’équiper correctement pour le traitement des effluents ». Ces aides peuvent s’avérer primordiales pour réaliser des économies conséquentes et favoriser des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
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