La DBO5 est un paramètre crucial dans le cadre du suivi du traitement des eaux usées. Il permet notamment de vérifier la conformité réglementaire des rejets des stations d’épuration urbaines et industrielles. Pour permettre de concilier les besoins croissants des laboratoires d’analyses impliqués dans le suivi de ce paramètre, AMS Alliance a développé un équivalent réglementaire à la méthode de référence (EN NF 1899-1) permettant l’obtention de résultats d’analyse en 48 h seulement et sous format haut-débit : Enverdi®-DBO. Un décret dérogatoire à l’arrêté du 21 juillet 2015 qui imposait jusqu’à maintenant l’utilisation de la norme NF EN 1899-1 permet de profiter dès à présent des avantages de cette nouvelle méthode dans un cadre réglementaire. Rencontre avec Laurent Clousier, directeur général d’AMS Alliance France.
Revue L’Eau, L’Industrie, Les Nuisances : Le
gouvernement français vient d’autoriser l'utilisation du kit Enverdi®-DBO, que
vous avez développé, comme méthode règlementaire en alternative à la DBO5.
Quelle est l’importance de cette décision ?
Laurent Clousier : C’est un événement important car le décret du 10 août 2017, paru au journal officiel du
23 septembre, consacre l’apparition d’une nouvelle méthode réglementaire en
France pour la DBO. Comme vous le savez, le gouvernement avait mis en place en
2016 le dispositif France Expérimentation dans le but d’adapter les normes
réglementaires aux technologies innovantes. Dans ce cadre, la méthode Enverdi®-DBO d'AMS Alliance,
qui permet la mesure d’un équivalent
DBO5 en 48 heures, a été retenue pour faire l’objet d’une
expérimentation de deux ans en France (code Sandre 991). Ainsi, depuis le mois
de septembre 2017, cette méthode peut être utilisée par les laboratoires
d’analyses pour le contrôle de conformité des stations de traitement des
eaux usées urbaines.
E.I.N. : Quel est l’objectif de cette
démarche ?
L.C. : L’objectif, à l’issue de cette
période dérogatoire, est de pouvoir inclure définitivement cette nouvelle
méthode rapide, compacte et simple d’utilisation parmi les méthodes
règlementaires et de la déployer à grande échelle. Mais les laboratoires
peuvent dès à présent profiter des avantages de la DBO5 48 heures dans un cadre totalement règlementaire.
L.C. : Ils sont nombreux. Le principal est bien
sûr sa rapidité. Les résultats sont obtenus en 48 heures et non plus en 5 jours
comme c’était le cas auparavant. A lui seul, c’est déjà un avantage essentiel,
mais ça n’est pas le seul. C’est aussi une méthode très rentable dans la mesure
ou le format microplaque, sur laquelle elle repose, permet de diviser par trois
les coûts analytiques de la mesure. Cette méthode haut-débit permet de réaliser
jusqu’à 80 tests DBO5/kit en simplicat et 40 en duplicat.
E.I.N. : Pourtant, les consommables sont plus
chers que ceux liés à la méthode traditionnelle ?
L.C. : Les méthodes traditionnelles ne nécessitent
que peu de consommables, elles sont donc peu coûteuses à ce niveau là. Mais il
faut mettre en perspective l’ensemble des coûts associés à chaque méthode,
notamment les investissements matériels et humains. La méthode traditionnelle
nécessite par exemple des investissements en robotique dont le coût avoisine
bien souvent les 80.000 € contre seulement 15.000 € pour l’incubateur nécessaire
au kit Enverdi®. Ces robots, dont les dimensions font jusqu’à 3 ou 4 mètres de
longueur, doivent être comparés à notre solution dont la taille est proche de
celle d’un iPhone dans un incubateur pas plus grand qu’un pc portable. De même
pour le maintien des échantillons à 20° pendant 5 jours, dans le noir, requis
par la méthode traditionnelle. Ce sont des éléments essentiels lorsque l’on
sait que le coût d’un mètre carré de surface de laboratoire est bien plus élevé
que celui d’un mètre carré de bureau ou même de production. Et je ne parle pas
des coûts opérateurs liés aux temps de manipulation et de préparation requis
par la méthode classique qui sont bien plus importants que ceux requis par le
kit Enverdi®.
L.C. : Une quinzaine de laboratoires ont d’ores
et déjà confirmé leur souhait de participer à cette expérimentation. Mais cela
n’est qu’un début. Il faut savoir que le décret du 10 août 2017, qui n’a été
publié au journal officiel que le 23 septembre, doit être suivi d’une réunion
du Comité de suivi et de pilotage de France Expérimentation. Celle-ci se
tiendra le 11 janvier prochain, c’est donc à cette date que l’expérimentation
démarrera véritablement, dans la pratique.
L.C. : Certains laboratoires ont déjà
commencé à valider la méthode en interne. D’autres attendent la tenue de cette
réunion pour la mettre en œuvre. Mais nombreux sont ceux qui ont manifesté leur
intérêt par rapport à cette méthode. Nous recevons quotidiennement des appels
de clients demandant à quel laboratoire il faut s’adresser pour obtenir une
mesure de la DBO en 48 heures. On sent d’ores et déjà une forte demande que les
laboratoires sont soucieux de satisfaire. Nous prévoyons donc un début d’année
assez chargé du fait de la mise en route de la méthode chez les clients.
E.I.N. : Sur
quels principes repose cette nouvelle méthode ?
L.C. : Le principe de mesure du kit
Enverdi®-DBO repose sur l’utilisation d’un bio-réactif qui, lors du métabolisme
de dégradation aérobie d’une biomasse bactérienne, va être réduite chimiquement
par l’activité de cette biomasse et va générer une émission de fluorescence. L'intensité
de fluorescence mesurée au cours de l’incubation est directement
proportionnelle à la quantité de matières organiques dégradées en conditions
aérobies. Les résultats sont obtenus au terme de 48 heures d'incubation à 30°C.
La valeur finale fournie par le kit Enverdi®-DBO est exprimée en mg O2/L,
tout comme la méthode de référence.
E.I.N. :
Peut-on parler d’une DBO2 ?
L.C. : La tentation est grande en effet, mais nous
ne fournissons pas une DBO2, nous fournissons un équivalent DBO5
en 48 heures.
E.I.N. : Que penser de la fiabilité de la mesure ?
L.C. : Comme vous le savez, la
validation du kit Enverdi®-DBO a fait l’objet de nombreuses communications
scientifiques dans plusieurs revues et congrès internationaux. C’est l’aboutissement
des efforts de recherche et d’innovation engagés depuis plusieurs années par
différentes structures publiques et privées. Des travaux initiaux conduits par
l’INRA et les universités Aix-Marseille et Reims-Champagne-Ardenne, qui ont
permis d’apporter les premières briques de l’innovation, jusqu’aux essais
pilotes menés en collaboration avec le SIAAP dans le cadre du programme
de recherche Mocopée. Toutes font apparaître une mesure
plus précise, liée à une linéarité plus importante et une dilution moindre. Pour
moi, la mesure proposée par la méthode Enverdi®-DBO est plus précise que la
mesure de la DBO5.
L.C. : Assez simplement. Pour
simplifier et sécuriser la détermination de la DBO5 par cette
méthode, nous avons mis au point un inoculum bactérien standard dédié. Ainsi,
nous proposons une solution clés-en-mains comprenant la souche
bactérienne, les réactifs, les étalons de calibration, les micro-plaques et le
lecteur de fluorescence. Cet inoculum est par ailleurs en cours de validation
normative pour ceux de nos clients qui souhaiteraient l’utiliser en DBO
classique.
L.C. : L’ensemble des développements
sont achevés et le kit est désormais parfaitement au point. Les prochains
développements porteront vraisemblablement sur une déclinaison de cette méthode
qui pourrait permettre de traiter des volumes plus restreints. Nous travaillons
régalement sur d’autres paramètres tels que la DCO avec également une méthode
alternative qui pourrait permettre de s’affranchir des réactifs bannis par
Reach. Là encore, au-delà de la microplaque, plusieurs formats pourraient être
proposés. Ces développements devraient se concrétiser en 2019.