Lors de la présentation de résultats 2015 en demi-teintes, les dirigeants d’Endress+Hauser avaient prévu une année 2016 difficile. Ils ne se sont pas trompés. Le détail des résultats présentés cette année, nettement inférieurs aux attentes, traduit cependant une stabilité globale des performances du groupe, voire même une amélioration de ses positions sur plusieurs segments de marché. Par ailleurs, les efforts engagés ces dernières années en matière de recherche & développement incitent à un certain optimisme. Explications.
Les
années se suivent sans forcément se ressembler chez Endress+Hauser. En 2015, le
groupe avait enregistré une forte croissance de son chiffre d’affaires, près de
6,5 %, essentiellement du fait d’une variation des taux de changes. Ceux-ci ont
eu un effet inverse en 2016. Les taux de change ont généré une baisse des
ventes de l’ordre de 50 millions d’euros, entrainant un recul de 0,2% du
chiffre d’affaires. « Mais si l’on se base sur les monnaies locales, les
ventes ont augmenté de 2,1 % » a souligné Laurent Mulley, directeur
général d’Endress+Hauser France, à l’occasion de la traditionnelle conférence
de presse annuelle de l’entreprise. Rien d’alarmant donc pour le leader mondial
en instrumentation de mesure, prestations de services et solutions d'ingénierie
pour les process industriels, d’autant que ces chiffres, consolidés, traduisent
des résultats contrastés.
Au
niveau mondial, le groupe a souffert en 2016 du net recul du niveau des investissements
qui ont affecté certains marchés cycliques comme celui des matières premières,
de l’oil and gas ou encore de la chimie. Sur les marchés plus linéaires, comme
l’environnement, l’énergie ou l’agroalimentaire, les résultats ont été plus
conformes aux attentes.
Au
plan géographique, le groupe a obtenu de bons résultats en Europe, sauf sur le marché
allemand fortement impacté par la baisse des investissements et les difficultés
rencontrées dans le secteur de l’énergie. De même, la zone Asie-Pacifique et le
Moyen-Orient ont enregistré une croissance solide. En revanche, les ventes ont
baissé sur le continent nord américain, très dépendant du marché de l’oil and
gas.
La
filiale française a enregistré quant à elle une hausse de 3,4% de son chiffre
d’affaires à 87,5 M€ (90 M€ avec Analytik Jena). « Un niveau de croissance
relativement satisfaisant sur un marché mature », comme l’a souligné
Laurent Mulley, et en tout cas supérieur aux chiffres publiés par le Gimelec
faisant état d’une stabilité du marché. Des résultats positifs donc, et plutôt
encourageants au regard des niveaux actuels de l’activité. « Les 6
premiers mois de 2017 se sont traduit par une dynamique très positive, dans le
prolongement des 4 derniers mois de 2016. On observe une reprise des investissements
dans la plupart des industries, même si les grands projets restent encore en attente »,
a souligné Laurent Mulley en observant au passage que les élections en France
n’avait pas entraîné cette année le phénomène de ralentissement de
l’investissement observé habituellement.
Des
résultats satisfaisants donc, qui devraient se prolonger en 2017, portés par la
sortie de nouveaux produits et de technologies innovantes permettant
d’exploiter les installations de façon plus économique et plus sûre.
Exploiter les installations de façon plus économique et plus sûre
C’est
par exemple le cas de la nouvelle génération de débitmètres Proline 300/500 qui
pourrait bien faire évoluer la débitmétrie un peu comme les Smartphones ont
fait évoluer la téléphonie. Plus précis et plus simples à utiliser, ils
permettent de gagner du temps durant les phases de configuration et
d’intégration. Équipés d’un serveur web quel que soit le principe de mesure,
ils ne nécessitent plus d’outils spécifiques pour être configurés. « Plus
de pocket, plus de logiciel, explique Laurent Mulley. On se connecte avec un
PC, une tablette ou un Smartphone par un câble Ethernet standard, ou par le
Wi-Fi. On ouvre un navigateur et on accède très simplement à tous les
paramètres ». Le tout dans un contexte sécurisé, chaque débitmètre disposant
d’une adresse IP propre.
En débitmétrie massique Coriolis, le Promass Q, également optimisé pour les applications sur liquides dans lesquelles du gaz est présent, devrait également contribuer aux résultats. Ses performances métrologiques le rendent adapté aux applications de transactions commerciales en débit volumique ainsi qu’en mesure de précision de la densité et de la concentration. « Grâce à sa précision, ce produit va ouvrir de nouveaux marchés à cette technologie », souligne Laurent Mulley.
En
mesure de niveau, Endress+Hauser continue à élargir sa gamme avec, notamment,
le lancement des premiers radars de process à 80 Ghz. Les solutions du groupe en
niveaumétrie sont désormais regroupées au sein d’une gamme unique pour liquides
et solides, qui repose sur une dizaine de principes physiques différents.
« Même si le radar peut répondre à un nombre important d’applications, il
reste des cas dans lesquels d’autres technologies sont plus pertinentes, a
expliqué Olivier Aubry, Responsable marketing industries de process. Nous
souhaitons continuer à offrir à nos clients la possibilité de choisir la
meilleure réponse par rapport à leurs applications, plutôt qu’une réponse
standard ». Le groupe dispose néanmoins d’une offre complète en mesure de
niveau radar à 1, 6, 26 et 80 GHz.
La
nouvelle génération de radars à 80 GHz intègre par ailleurs la technologie Heartbeat™,
qui fait partie des innovations développée par Endress+Hauser pour augmenter la
disponibilité des installations tout en réduisant les coûts.
Augmenter la disponibilité des installations tout en réduisant les coûts
Intégrée
dans l’électronique de l’appareil, la technologie Heartbeat permet de surveiller
en continu son bon fonctionnement, d’enregistrer les valeurs mesurées relatives
au process et de réaliser une vérification conforme et traçable
métrologiquement. Et tout ceci sur l’afficheur ou à distance, c’est à dire sans
qu’il soit nécessaire de se trouver à proximité de l’instrument, à tout moment,
même en cours de fonctionnement et sans qu’un démontage der l’appareil ou une interruption
du process soit requise, et par le biais de n’importe quelle interface
disponible : Ethernet, USB, W-LAN…
L’objectif
est toujours le même, quel que soit l’appareil considéré : éviter les
arrêts de production en espaçant les contrôles et en augmentant la
disponibilité des installations. « En termes de diagnostics, Heartbeat
fait de façon automatique ce que ferait un technicien de maintenance avec
l’ensemble de ces outils traditionnels », souligne Christian Knecht, Responsable
marketing Industrie. Mais il offre également une vérification certifiée et
traçable métrologiquement et sa fonction monitoring permet d’aller à
l’exploitant plus loin en ouvrant la voie à une maintenance prévisionnelle.
D’abord
implantée en débitmétrie, puis en niveaumétrie, en pression et en température, la
technologie Heartbeat gagne désormais les transmetteurs d’analyse
physico-chimique et les sondes Memosens. « C’est une technologie qui
devient transversale à toutes nos gammes de produits » explique Christian
Knecht. Sans remplacer les actes métrologiques qui restent nécessaires, elle
permet de les espacer en augmentant la disponibilité des installations ».
D’autres innovations permettent de faciliter l’exploitation tout en réduisant les coûts. C’est par exemple le cas du nouveau capteur de température TrustSens, capable de s’auto-étalonner en permanence et de manière traçable, sans interruption de process. « Cette possibilité de comparer une grandeur de référence avec la mesure elle-même en fait le premier instrument capable de faire un acte métrologique directement sur site », souligne Christian Knecht.
De l’instrumentation vers les services numériques
Tous
ces outils ouvrent la voie à l’Internet Industriel des Objets (IIoT) et à une
multitude d’applications permettant d’optimiser les performances et les process.
A la condition toutefois de pouvoir exploiter pleinement l’énorme masse de
données générées par la digitalisation des équipements et des procédés.
Pour
assister les clients qui le souhaitent, Endress+Hauser a donc développé des
solutions Cloud leur permettant d’exploiter les données fournies par les instruments
mais aussi les informations relatives aux process de production en les
intégrant dans les systèmes d’information de l’usine. « Nous sommes d’ores
et déjà capables de mettre à disposition de nos clients des solutions standards
mais aussi spécifiques permettant de remonter et d’exploiter les informations
provenant de leur base installée », explique Patrick Hell, Directeur
Marketing.
Ces
applications, qui intègrent le cas échéant des appareils tiers, permettent de
disposer d’une vision globale et surtout dynamique des équipements et des procédés,
en identifiant rapidement les criticités ou les potentiels d’amélioration. Des
recommandations relatives, selon les cas, à la stratégie de maintenance, ou à
l’optimisation des coûts d’exploitation, sont ensuite proposées au client pour lui
permettre d’optimiser la gestion de ses actifs et en tirer le meilleur parti
possible.
De
l’instrumentation vers les services numériques, la digitalisation des
équipements et des processus de fabrication est entrain de modifier
considérablement les modes d’exploitation et finalement les instruments
eux-mêmes….
Vincent Johanet