Le 6 juin dernier, Endress+Hauser conviait la presse spécialisée dans ses locaux d’Huningue, pour dresser le bilan de son année 2018 et présenter ses orientations stratégiques pour le futur. L’occasion d’exposer les axes de croissance du groupe qui reposent une utilisation plus intelligente des données de manière à libérer le potentiel des installations, une approche client toujours plus personnalisée, et un élargissement de l’offre vers la mesure de la qualité en ligne.
Au
niveau global, les activités du groupe ont connu une croissance conséquente
durant l’année 2018, marquée par une progression des ventes de près de 10 %
pour un chiffre d’affaire de 2,5 milliards d’euros. Des performances en hausse,
à peine nuancées par l’incidence des taux de change, qui ont concerné toutes
les zones géographiques et l’ensemble des branches d’Endress+Hauser, ayant
abouti à un bénéfice de 230 millions d’euros net.
Ces résultats mettent en exergue une internationalisation toujours plus importante, puisque plus de 50% des marges de progression ont été réalisés en dehors de l’Europe. Symbole fort, pour la première fois, l’Allemagne, premier marché historique de l’entreprise depuis 65 ans, a été dépassée par les Etats-Unis au niveau des ventes, dopés par l’explosion des exploitations de pétrole et de gaz de schiste.
Ces bonnes performances générales sont également dues à des taux
d’intérêt demeurés bas depuis l’année précédente, ainsi qu’au dynamisme des
industries de transformation.
Pour ce qui est de l’année en cours, 2019 s’annonce de façon positive. Les trois marchés fers de lance anticipés par le groupe sont la Chine, les Etats-Unis, et une Allemagne reléguée au 3ème rang mais qui demeure importante.
Dans
l’hexagone, 2018 a été une année de consolidation. « En 2016 et 2017,
nous avons réalisé des années exceptionnelles, avec, notamment, 6% de
croissance en 2017, et nous avons atteint un palier en 2018 avec une
progression de 1,2 % di chiffre d’affaires, a expliqué Laurent Mulley,
Directeur Général d’Endress+Hauser France. Il ne faut pas oublier que nous
sommes sur un marché très mature, on ne bénéficie pas d’investissements liés à
l’énergie. Globalement, les feux sont au vert, nous sommes satisfaits d’avoir
stabilisé la croissance des deux dernières années ».
Pour prolonger cet élan, Endress+Hauser entend miser sur l’innovation, dans la continuité des quelque 287 brevets déposés en 2018, avec la digitalisation comme orientation stratégique majeure (1/3 des brevets nouvellement déposés).
Cette démarche s’inscrit notamment dans une logique de facilitation de la
relation client, en permettant par exemple à l’utilisateur de disposer d’un
suivi technique pour chaque produit, commande, ou paramétrage, mais pas
seulement.
Mieux
exploiter la masse de données collectées
A
l’heure du tout numérique, un paradoxe demeure : 97% des données mesurées par
les capteurs demeurent inexploitées, limitant le potentiel de ces derniers à
leurs applications primaires liées aux process (mesure de débit, ...).
C’est pour cette raison que le groupe a développé Netilion, un écosystème basé sur le cloud, permettant d’utiliser ce volume considérable d’informations jusqu’ici négligées, pour les convertir en un outil d’aide à la gestion/décision, notamment en vue de favoriser la maintenance prédictive. Dans un parc de capteurs déjà digitalisé à près de 90%, le potentiel est considérable et, grâce à des passerelles permettant de se connecter aux réseaux existants (Wireless HART, Bluetooth, ...), cette évolution ne nécessite pas un renouvellement massif des appareils “non connectés”, alors que les premiers capteurs connectés “nativement” à ce réseau sont en cours de fabrication. Pour aider l’exploitant à optimiser la maintenance de ses installations, Endress+Hausser a développé plusieurs applications.
Netilion Analytics, par exemple, permet d’obtenir une
vue d’ensemble de l’état de la base installée, par le biais de jumeaux
numériques, pour repérer les équipements déficients ou obsolètes. Autre
exemple, Netilion Health facilite le diagnostic des actifs et le pilotage en
ligne. Ces innovations se combinent avec la technologie “Heartbeat” désormais
intégrée à une large gamme d’instruments, et qui fournit en continu des
informations de diagnostic sur l’état des appareils. Concrètement, tout en
surveillant eux-mêmes leur bon fonctionnement, les appareils ainsi connectés
renseignent, par la masse de données qu’ils collectent et qui étaient
jusqu’alors inexploitées, sur l’état du process à intervalles réguliers, dans
le but d’améliorer ses performances. Alors qu’à peine plus d’1% des opérations
de maintenance sont prédictives, l’exploitation de données mesurées par les
capteurs comme la reconnaissance dynamique de la corrosion, l’abrasion, la
cavitation, etc... (Application Netilion Predict For Flow) permet d’anticiper
les besoins de maintenance et donc de programmer des interventions avant que
les problèmes ne surviennent.
Une
approche client personnalisée pour répondre à des besoins spécifiques
Face à la variété des besoins métrologiques exprimés par les industries de transformation/procédés, impliquer l’utilisateur dans le processus de conception de sa solution est un moyen de garantir une réponse précise et sur-mesure. Afin de favoriser ces interactions, Endress+Hauser a mis en place un espace spécifique, nommé Eureka. « Cet espace est principalement dédié à nos clients, nous pouvons à la fois leur présenter une solution, en élaborer de nouvelles ou les adapter en fonction de leurs besoins. Nous y préparons aussi les projets que nous réalisons pour nos clients, afin de leur apporter le maximum de satisfaction », détaille Raphaël Grinon, Directeur Projets.
Il résulte de ce fonctionnement l’élaboration de platines
répondant précisément à la situation de chaque client, suivant la nature de son
industrie, du process concerné, et de ses besoins spécifiques. On retrouve
ainsi des solutions adaptées pour les problématiques de visualisation/gestion
de stock, le comptage énergétique, ou pour la réalisation de mesures
analytiques. Chaque platine intégrant les outils nécessaires pour répondre aux
problématiques opérationnelles du client. Pour Endress+Hauser, ce mode
opératoire dans la relation client est destiné à voir son importance croître
dans les années à venir.
De
la mesure quantitative à la mesure qualitative
Les capteurs permettent d’optimiser les procédés industriels, mais peuvent aussi s’étendre à la mesure de la qualité du produit. Parmi la masse de données collectées, beaucoup peuvent être exploitées pour déceler des phénomènes perturbants (dépôts dans les réseaux, encrassement, mousse, ...) dans des procédés très divers (purification, distillation, fermentation, ...). Pour acquérir l’expertise requise pour la mesure et l’analyse d’un volume aussi important de données, et en complément de investissements importants en R&D, le groupe a réalisé des acquisitions comme la société IKMO qui capitalise un savoir-faire important en matière de mesure d’humidité. Cette acquisition fait suite aux rachats de SpectraSensors pour l’analyse de gaz, Kaiser Optical, ou encore Blue Ocean Nova pour la spectrométrie Raman.
Associée
aux innovations technologiques d’Endress+Hauser visant à mesurer des paramètres
toujours plus nombreux, cette tendance a conduit au développement de produits
spécifiques visant à améliorer des process bien précis, parmi lesquels on peut
évoquer le Liquiline System CA80HA (analyseur pour la dureté de l’eau), ou
encore le Memosens CCS51D (capteur ampérométrique pour la mesure du chlore de
tous fluides). Ainsi, d’appareils permettant initialement de mesurer le débit
et le niveau, le marché de l’instrumentation chez Endress+Hauser intègre à
présent un panel de variables considérables qui ouvre un vaste champ de
possibilité en matière de mesure (concentration, composition, viscosité,
densité, ...), avec pour objectif final l’accroissement de la qualité du
produit. Cette mesure de la qualité en ligne vise également des économies en
termes de temps, ainsi qu’en coûts d’exploitation, car les imprécisions issues
du temps nécessaire à la réalisation de prélèvements et analyses labo s’en
trouve amoindries.
Kévin
Barbier