Le littoral, et plus généralement les eaux de baignade, font partie des écosystèmes particulièrement exposés aux risques de pollutions aquatiques : micro-organismes pathogènes, hydrocarbures, microalgues toxiques, nitrates… En parallèle, le maintien de la qualité des milieux naturels et de l’eau y est un enjeu d’importance tant écologique qu’économique compte tenu des nombreuses activités qui en dépendent, directement ou indirectement.
Pour ces sites, l’enjeu est de ne pas se limiter à constater les
pollutions. « Ce que nous proposons, c’est la gestion active », explique
Pascal Kohaut, référent eaux de baignade chez Saur, sur la base de la directive
européenne 2006/7/CE. « Pour faire simple, c’est la recherche des
causes de pollutions, le suivi quotidien et l’anticipation permanente, grâce à
une organisation adaptée et des outils d’analyse rapide ». Pour
cela, il faut une connaissance fine du bassin versant, des ouvrages
d’assainissement, du bâti, des installations industrielles, artisanales,
agricoles ou de loisirs, mais aussi des usages (la promenade canine et
hippique, les grandes marées). Une fois l’état des lieux réalisé et le bassin
modélisé, les équipes de Saur interviennent selon une stratégie de surveillance
validée avec les élus selon la sensibilité du profil de chaque plage et une
politique volontariste d’information et de fermeture momentanée de plage si
besoin.
Une démarche qualité qui a séduit 121 sites de baignade sur près de 200
sites gérés par Saur. Ce qui représente une mise à jour continue des profils de
45 collectivités et environ 9 000 analyses rapides réalisées par saison.
Les prélèvements dans le milieu naturel sont effectués par les agents Saur en
astreinte pendant la saison, puis envoyés en laboratoire y compris le week-end
et les jours fériés. Une recherche rapide est effectuée sur les indicateurs de
pollution fécale que sont les bactéries indicatrices fécales : les Escherichia
coli et les entérocoques intestinaux. Si les résultats révèlent un risque
de pollution à court terme, le maire de la commune est prévenu et peut décider
la fermeture momentanée de la plage.
Recherche de pollutions : une surveillance 365 j/an pour sécuriser la saison estivale
La bonne gestion des sites de baignade réside dans la réduction des sources
potentielles de contamination (SPC). C’est pourquoi Saur, en lien avec les
collectivités partenaires, réalise tout au long de l’année des analyses
exploratoires, lors de conditions météorologiques défavorables, pour valider
les sources contaminantes et mettre en œuvre des solutions pour les réduire.
« A titre d’exemple, il est nécessaire d’investiguer les mauvais
raccordements en assainissement lors d’épisodes pluvieux, cas de figure où les
eaux usées sont dirigées dans le réseau pluvial et se rejettent directement en
mer », explique Frédérique Nakache-Danglot, spécialiste en
microbiologie à la direction technique de Saur. La réduction de cette pollution
ne se fait qu’à la suite du diagnostic des branchements et des travaux de mise
aux normes à l’initiative de chaque administré, ce qui nécessite de la
pédagogie et du temps.
Des analyses complémentaires à celles des ARS
En France, conformément aux lois, toutes les eaux de baignade sont surveillées dans un cadre réglementaire national régi par le Code de la santé publique et sous la responsabilité des Agences régionales de santé (ARS). Ces contrôles ont lieu durant la saison balnéaire, en général de mi-juin à mi-septembre. Ils sont réalisés de façon programmée sur le point de baignade le plus fréquenté environ tous les 10 jours (hors week-end et jours fériés). Les résultats d’analyses, obtenus 48h après le prélèvement, permettent de qualifier la qualité de l’eau à un instant T, et de vérifier sa conformité. Ils servent également à alimenter les analyses de classements nationaux et européens, au sens de la Directive 2006.
Le rôle de Saur en tant que prestataire et délégataire de services est de fournir à la collectivité les résultats d’un autocontrôle complémentaire. Basé sur une fréquence adaptée aux risques et dans le respect de seuils sanitaires et d’alerte préventive, il informe la collectivité dans des délais courts, entre 4 et 12h selon l’outil. Ces alertes rapides d’une dégradation de la qualité de l’eau ou de risque de pollution à venir permettent d’aider au mieux la collectivité dans ses prises de décisions d’ouverture/fermeture de plage, afin de ne pas exposer le public à des eaux contaminées.
Des appellations ambiguës
Le Pavillon Bleu est un label commercial généraliste peu adapté à la qualité des eaux. Il reprend les résultats du classement de l’année passée et se focalise sur les plages classées « excellentes » selon les analyses ARS en semaine, ce que regrettent l’association Surfrider et les entreprises de l’eau compte-tenu du travail d’excellence réalisé par les collectivités pour préserver les sites de baignade. Quant au classement des pays européens pour la qualité de leurs eaux de baignade, il défavorise les états du nord où les orages d’été sont, du fait du dérèglement climatique, de plus en plus fréquents d’une saison à l’autre, ce qui explique le mauvais classement de la France pour la surveillance de ses sites de baignade. Il se base aussi sur la déclaration des états membres de leurs plages, ce qui conduit certains d’entre eux à exclure des zones de baignade trop proches des centres urbains et donc potentiellement exposées aux pollutions.