S’il est impossible d’imaginer développer des analyseurs pour chaque type de polluant émergent, une autre voie est envisageable?: détecter directement la toxicité biologique de l’eau, sans avoir à préciser la nature et la proportion de chaque contaminant.
Il « suffit » pour cela d’exposer des cellules vivantes, ou des organismes entiers, à l’eau et d’observer leur réaction. Certains de ces dispositifs se prêtent à une utilisation en ligne. « Nous voyons arriver sur le marché des biocapteurs qui, en cas d’anomalie, détectent le stress des organismes exposés. Nous travaillons en particulier avec ViewPoint, dont le Toxmate est bien adapté à cet usage » révèle Christophe Tanguy, directeur des Opérations groupe Saur. « Nous avons commencé à tester les bioessais pour des évaluations de la qualité de l'eau, même si le déploiement n’est pas prévu pour l’immédiat » affirme aussi Sylvie Thibert, du Sedif.
Des applications variées
« La station de bio-détection ToxMate apporte une approche différente pour la détection en temps réel des micropolluants, et plutôt
que de s’attacher à caractériser chaque substance comme le fait
la physico-chimie, ToxMate analyse l’impact global des eaux sur
le vivant », poursuit Didier Neuzeret (ViewPoint Biosurveillance de
l’Eau). La ressource en eau est soumise à d’importantes sources
de pollutions chimiques. En raison du nombre de micropolluants
potentiellement présents (>200000) les outils physico-chimiques
actuels ne permettent pas d’appréhender le risque associé et
d’apporter ainsi une aide à la décision pour le gestionnaire des
eaux en cas d’alerte.
« L’UV254 est une première approche, mais sa gamme de détection
reste limitée, alors que ToxMate couvre solvants, métaux lourds,
pesticides... Les concentrations détectées de l’ordre du µg/L ouvrent
des applicatifs en tant que station d’alerte, mais également dans
les usines de potabilisation pour contrôler la qualité des eaux et
piloter les traitements de micropolluants. Deux ToxMate ont d’ailleurs été implantés sur l’usine d’eau potable de Vilaine Atlantique
opérée par Saur, l’un pour surveiller la ressource en eau brute, l’autre
avant l’étape de chloration. En amont, des épisodes de pollution
chimique ont pu être identifiés, grâce à la mesure en continu et en
temps réel. Le second ToxMate a notamment permis de s’assurer
de la performance de la filière de traitement pour l’abattement de
la pollution identifiée en amont, en comparant les signaux d’entrée et de sortie ».