Près de Montpellier, la commune de Frontignan la Peyrade accueille actuellement l'un des plus grands chantiers de dépollution d'Europe, initié en 2022 et prévu pour s’étendre jusqu'en 2026. Ce projet colossal mené conjointement par Séché Environnement et Antea Group redonne progressivement vie aux 11 hectares de terrain de l’ancienne raffinerie de la ville. Un site stratégique (mais aussi particulièrement sujet à des risques de pollution du milieu naturel) du fait de sa proximité avec la mer, dont l’histoire industrielle a débuté en 1904, pour perdurer jusqu’aux dernières activités de la raffinerie qui ont cessé en 1986.
Sur un emplacement qui a vocation à retrouver toute sa fonctionnalité au cours des prochaines années via différents projets d’aménagement urbain, Séché Environnement mène un chantier qui permettra d’assainir et de revitaliser une zone marquée par les stigmates de l’Histoire au siècle dernier. Éprouvé par des bombardements survenus en 1944, qui ont provoqué une contamination profonde des sols par les hydrocarbures, ce lieu est resté en grande partie inexploité pendant plusieurs décennies après son rachat par la municipalité dans les années 1990.
De multiples défis s’y posent simultanément en termes de gestion des nuisances : outre les hydrocarbures, le risque potentiel de rencontrer des objets pyrotechniques non explosés, résultant des dizaines de bombes larguées sur place il y a 80 ans, en font un chantier particulièrement délicat à conduire. Des contraintes auxquelles viennent s’ajouter d’autres paramètres, comme des blocs de béton armé pouvant entraver les opérations, ou encore la présence d’une nappe d’eau souterraine, pouvant entraîner des arrivées d'eau conséquentes au sein des excavations.
Une cartographie millimétrée de l’avancement des travaux pour un traitement précis de la pollution
Sous la supervision d’Antea Group, spécialiste de l’ingénierie et du conseil pour des projets à dimension environnementale, ces travaux de dépollution de grande ampleur ont été engagés sur cette ancienne friche industrielle grâce à une cartographie précise découpant le terrain en zones de 100 m2. Autant de mailles qui constituent un quadrillage minutieux permettant aux équipes de traiter chaque parcelle de manière spécifique en fonction de la nature et de l’intensité de la pollution qu’elle contient. La diversité des polluants nécessite des méthodes adaptées pour assainir les sols, tout en limitant l'impact des nuisances sur les riverains et l’environnement immédiat.
La tente de confinement : un défi technique pour maîtriser les nuisances
Au second trimestre 2024, plus de 50% du site a déjà été dépollué grâce à la méthodologie mise en place. Une opération d’envergure, supervisée par Antea Group et exécutée par Séché Eco Services, qui se distingue notamment par la capacité à déplacer une tente de confinement de taille impressionnante avec précision. Pour contenir les nuisances olfactives et réduire le bruit, cette équipement gonflable mobile de 120 mètres par 50 mètres, pesant 60 tonnes, a ainsi été installé afin de couvrir la majorité des zones de traitement.
La spécificité de cette structure, unique en son genre, réside dans sa rapidité à être déplacée sans jamais avoir besoin d’être démontée ni dégonflée. Grâce à un système de treuils, la tente est déplacée de trente mètres en latéral et cent mètres en longitudinal. Ce dispositif permet ainsi de dépolluer les sols tout en minimisant les désagréments pour les riverains (préalablement à ces excavations menées sur les 175 000 m3 de terre à excaver, 1100 sondages qui ont été réalisés).
Au terme plusieurs mois de travaux, cette structure a prouvé sa fiabilité pour confiner en toute sécurité les opérations de terrassement en maintenant une aspiration continue de l'air, qui est ensuite filtré pour éviter toute gêne olfactive. Pendant les travaux, cette tente sera déplacée autant que nécessaire sur le site, pour couvrir progressivement toutes les cellules.
En soutien à cette tente principale, une seconde structure de 100 mètres par 40 mètres sert de zone de tri et de stockage. Les matériaux excavés y sont criblés, puis transportés vers des installations de traitement. Les bétons et autres débris rocheux extraits sont broyés sur place afin d’être réutilisés, ce qui réduit le besoin de matériaux neufs et soutient une approche circulaire.
Une unité de traitement des eaux sur-mesure
La présence d'une nappe souterraine située à seulement deux mètres sous la surface représente également un défi technique majeur pour les opérations de terrassement et de dépollution en cours. Afin d'éviter l'accumulation d'eau dans les excavations et de gérer les contaminations potentielles, un système de pompage a été installé pour extraire en continu les eaux infiltrées. Ces eaux sont ensuite acheminées vers une unité de traitement spécialement conçue pour cette opération de réhabilitation.
L’unité permet, dans un premier temps, de séparer les hydrocarbures et autres polluants de l’eau pompée dans le sol. Ensuite, les eaux subissent un traitement par filtration, un procédé de décontamination puissant qui garantit l’élimination des résidus polluants. Une fois traitées, ces eaux sont pour la grande majorité réutilisées sur site pour l'arrosage des pistes et le lavage des roues des camions.
Préserver les riverains … tout en écrivant l’avenir du site
Les riverains, confrontés aux impacts du chantier, sont évidemment très vigilants concernant les nuisances provoquées par les travaux. Face à ces préoccupations, les opérateurs veillent ainsi à intégrer une dimension collaborative vis-à-vis de la communauté locale pour améliorer en continu les conditions du chantier, tout en œuvrant à la transformation du site en un futur espace revitalisé et prêt à être réaménagé. Le projet s’inscrit ainsi dans une vision durable de la ville de la ville de demain, où l’aspect écologique occupe une place centrale. D’ici quelques années, des entreprises du secteur des nouvelles technologies, ainsi qu’une nouvelle gare SNCF pourraient notamment y voir le jour.