En France, rien ne change. Tout est comme il y a cent ans ou 7 mois. Une concurrence saine en faveur du service public de l’eau et un accès compétitif des collectivités territoriales aux prestations est maintenue, se félicite le comité de suivi du rapprochement entre Suez et Veolia. Pendant ces derniers mois, alors que toutes les parties prenantes – acteurs économiques, décideurs politiques, dirigeants d’entreprise, autorité de la concurrence- ont été entendues, la mobilisation des élus a indéniablement participé à l’aboutissement d’un accord plus équilibré et plus protecteur des services publics, même si les parlementaires regrettent la cession de certains actifs stratégiques de Suez à l’étranger.
Au terme de l’accord de rapprochement annoncé publiquement lundi 12 avril par les deux groupes, le périmètre de Suez sera constitué outre des activités dans l’eau municipale et le déchet solide en France (y compris CIRSEE, le principal centre de recherche en France), des activités dans l’eau en Italie (y compris la participation dans Acea), République tchèque, Afrique (y compris la Lydec), Asie centrale, Inde, Chine, Australie, et des activités monde digitales et environnementales (SES).
Le communiqué insiste sur la constitution d’un nouveau Suez composé d’actifs formant un ensemble cohérent et pérenne sur le plan industriel et social, et doté d’un réel potentiel de croissance, avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 7 milliards d’€.
La réaction peut donc être enthousiaste… ou critique. Après sept mois de débats, alors que les tensions actuelles qui pèsent sur la rareté comme sur la qualité de la ressource et la nécessité de se doter d’outils appropriés pour faire figurer les infrastructures de l’eau parmi les priorités du moment, il ne se trouvait pas grand monde pour dire toute sa détermination sur ce dossier. Faute d’une véritable ambition portée par une volonté politique forte en faveur de l’eau. On l’a vu ces derniers mois sur plusieurs dispositions dans le domaine de l’eau et de l’assainissement.
Mais la construction du nouveau patrimoine industriel emmené par Veolia pourrait changer la donne. Il invite à porter un autre regard en France sur le secteur de l’eau et à une prise de conscience sur les activités à forte valeur ajoutée qu’il génère. « Je suis particulièrement heureux d’annoncer aujourd’hui la conclusion d’un accord entre Suez et Veolia qui permet la construction du champion mondial de la transformation écologique autour de Veolia, en offrant à la France un acteur de référence dans un secteur qui est probablement le plus important de ce siècle. Cet accord est bénéfique pour tout le monde : il garantit la pérennité de Suez en France de manière à préserver la concurrence et il garantit l’emploi. Toutes les parties prenantes des deux groupes sortent donc gagnantes. Le temps de l’affrontement est terminé, le temps du rapprochement commence », souligne Antoine Frérot, Président directeur général de Veolia dans le communiqué du 12 avril.
Dans les appels d’offres internationaux, la plupart des projets d’infrastructure auxquels participent les majors sont lancés par les gouvernements et sont donc par définition publics. Quant aux projets menés par des acteurs privés, ils intègrent toujours un minimum de participation publique. Dans les deux cas, le champion mondial de la transformation écologique apportera un éclairage politique issu d’une connaissance approfondie des enjeux pays.
C’est donc probablement par-là que le secteur traditionnel de l’eau deviendra le symbole d’un nouveau modèle de transformation des villes et des territoires. Il n’est jamais trop tard pour changer d’idée quand une évidence s’impose.