Le pH traduit le niveau d’acidité ou de basicité d’une eau. Le redox, caractérise quant à lui le niveau d’oxydation-réduction des organismes vivants, c’est-à-dire le potentiel d’une eau à venir oxyder ou réduire une substance. Pour assurer un suivi précis des deux paramètres, les fournisseurs proposent une gamme diversifiée de capteurs, avec désormais sur le marché des versions numériques rendant l’installation et l’étalonnage plus facile.
Le pH et le redox seraient en effet les paramètres pour lesquels les catalogues totaliseraient le plus grand nombre de références. Sur ce marché où le choix est très large, certains instrumentistes se font remarquer pour des capteurs dont l’atout est de faciliter l’installation et l’étalonnage parmi d’autres avantages.
Le numérique, c’est évolutif
Le premier atout du numérique est de contribuer à fiabiliser la mesure. « C’est une technologie basée sur une transmission numérique entre le capteur et le transmetteur, donc il n’y a pas de pertes de signal », avance Aurélia Genet. Le deuxième atout du numérique est de simplifier l’installation des différents capteurs de la chaîne de mesure. « On va venir connecter le capteur sur le transmetteur par reconnaissance automatique sans besoin de câblage ni de programmation spécifique », explique-t-elle. Le numérique est de plus évolutif puisque suivant le même principe, l’exploitant peut connecter des capteurs supplémentaires au transmetteur déjà installé.
Un autre atout important du numérique est de faciliter l’étalonnage. « Grâce à la technologie Memosens, les données sont stockées dans la tête du capteur. On a donc la possibilité de réaliser l’étalonnage au laboratoire, sans arrêt de l’installation, après substitution du capteur par un capteur de remplacement. Bien sûr, on aussi la possibilité de réaliser l’étalonnage sur la ligne si c’est l’option qu’on préfère retenir », souligne Aurélia Genet.
La durée de vie ? Variable…
Certains fournisseurs offrent des systèmes automatiques qui retardent l’encrassement en venant projeter une solution nettoyante sur le capteur mais il est rare de voir des stations d’épuration s’équiper de ces systèmes considérés comme trop chers dans ce cas de figure. En fait, ces systèmes se retrouvent presque exclusivement dans l’industrie, là où les process nécessitent de très finement contrôler le pH.
Comme on le sait, le pH - lié à la concentration en ions oxonium (H3O+) - traduit le niveau d’acidité (0 à 7) ou de basicité (7 à 14) d’une eau. Un pH-mètre est ainsi un capteur qui mesure la tension entre deux électrodes, une électrode de référence d’un côté et une électrode de mesure de l’autre côté. Le redox traduit lui le potentiel d’une eau à venir oxyder ou réduire autre une substance, sachant qu’un redox négatif indique que l’eau est oxydante tandis qu’un redox positif indique que l’eau est antioxydante. Dans une piscine à titre d’exemple, on estime qu’une eau est désinfectée et désinfectante quand le redox se situe à environ 650 mV. Au-delà de 750 mV, l’eau est considérée trop oxydante. Un redox-mètre est ainsi un capteur - le principe rappelle celui d’un pH-mètre - qui mesure une différence de potentiels entre une électrode de référence et une électrode de mesure là encore.
En terme commercial, les fournisseurs offrent le choix entre plusieurs standards de capteurs, avec pour principaux critères le matériau du diaphragme (téflon ou céramique), la finition de l’électrode (standard ou renforcé) ainsi que la nature de l’électrolyte (gel ou écoulement de KCl). « Ce sont les conditions d’utilisation qui dictent les spécifications, explique Patrick Bret, responsable des produits d’analyse chez Krohne. Le diaphragme et le système de référence du capteur en verre sont fonction des besoins. On peut opter pour des capteurs ISFET si le bris de verre ne peut pas être toléré ou si les produits contiennent une grande quantité de solvants organiques. Et utiliser des capteurs en émail si la stabilité à long terme et une maintenance réduite sont indispensables ». Dans une station de potabilisation par exemple, une électrode standard suffit généralement alors que, dans une station d’épuration, l’usage veut qu’on privilégie les capteurs renforcés par un corps plastique autour de l’électrode.
Mais le capteur n’est pas le seul élément de la chaîne de mesure, il y a aussi les accessoires de montage et surtout le transmetteur (multiparamètre généralement) sur lequel on va pouvoir connecter un ou plusieurs capteurs. « Le transmetteur va ensuite transmettre les données à l’automate ou au superviseur parce que, quand un exploitant fait le choix du numérique, c’est pour être capable de remonter les informations », souligne Patrick Bret. La qualité de la prise d’échantillonnage est aussi un facteur clé pour réaliser une mesure fiable. C’est la raison pour laquelle Lutz-Jesco propose des panneaux d’analyse complet pH/redox/Cl2 avec un régulateur de débit et de pression intégré.
Les solutions numériques se développent
Mais les solutions numériques se développent très rapidement chez de nombreux fabricants. Chez Mettler Toledo, les électrodes de pH/redox munies de la technologie Intelligent Sensor Management (ISM) enregistrent l’étalonnage et d’autres données dans leur mémoire embarquée, permettant le pré-étalonnage aisé à un emplacement adéquat.
De même avec le IQ Sensor Net de Xylem Analytics, un système numérique de mesure pouvant être utilisé pour jusqu’à 4 capteurs ou comme réseau de mesure pour jusqu’à 20 capteurs. Chez Aqualabo Contrôle (marque Ponsel), toute une gamme de capteurs numériques communique en Modbus RS485 avec protocole ouvert. Les capteurs numériques différentiels pHD sc et capteurs pH/ORP de Hach sont équipés de composants électroniques numériques incorporés. Chez Yokogawa, les capteurs électrochimiques bénéficient d’une transmission numérique du signal vers le transmetteur grâce à SenCom (Sensor Communication). La numérisation du signal permet de fiabiliser la mesure renforcée sur de grandes distances. Chez Jumo, les électrodes avec électronique digiLine combinée assurent une transmission numérique anti-interférences des données pour une surveillance de process optimale.
La gamme Smartpat de Krohne est un autre exemple de gamme numérique disponible depuis 2014. « C’est une gamme dans laquelle un convertisseur est embarqué dans le capteur, avec 100 % des fonctions d’un convertisseur en ligne. Cela permet de réduire le coût d’installation puisqu’il n’y a plus de convertisseur à installer et il n’y a plus de câble à tirer entre le capteur et le convertisseur », avance Patrick Bret. Il s’ajoute à cela des avantages en termes d’étalonnage. « Puisque chaque capteur est autonome avec son propre convertisseur, on peut retirer le capteur du process et le transporter pour réaliser l’étalonnage au laboratoire », ajoute Patrick Bret. D’après Krohne, réaliser l’étalonnage au laboratoire avec un nettoyage méticuleux du capteur et une régénération de la membrane d’échange, permet de rallonger la durée de vie du capteur de trois à quatre fois. La gamme SmartPat comprend notamment la sonde Smartpat PH 1590 pour la surveillance du pH des eaux, la sonde Smartpat PH 8320 spécifique au contrôle des eaux usées et la sonde Smartpat ORP 1590 pour la surveillance du redox des eaux.